Si les Parcs et les Jardins sensibilisent à la nature et convoquent l’imaginaire, ils font aussi partie de manière intime de la vie des curistes. Ce sont des éléments fondamentaux de la culture thérapeutique des stations. Les villes thermales se sont formées à proximité des sources qui sont à l’origine de leur paysage urbain et rural contemporain. Elles constituaient des lieux sacrés, depuis les Celtes et les Romains, sur lesquels la chrétienté a superposé des lieux miraculeux.

 

Pratiquement toutes les villes thermales historiques possèdent de telles origines paysagères et légendaires. Mais c’est à partir du XVIIIe siècle que, devenues urbaines, les prairies qui entourent les sources, les établissements thermaux et les lieux de loisirs font place à l’aménagement de parcs et de promenades mondaines.

 

La Promenade de sept heures et celle de quatre heures à Spa – qui indiquent combien la vie des curistes est rythmée avec précision entre soins et mondanités – deviennent des théâtres de verdure, bientôt remplacés dans les dernières décennies du XIXe siècle par un parc à l’anglaise dessiné par l’architecte William Hansen. Vichy est une ville-parc, offrant plus d’une centaine d’hectares d’espaces aménagés de manière grandiose durant Second Empire. Les parcs urbains de Bath mettent en valeur les magnifiques architectures datant des rois Georges, où le Royal Crescent s’ouvre sur une prairie faisant le lien visuel avec les collines environnantes.

 

La Lichtentaler Allee de Baden-Baden quitte lentement l’espace urbain des théâtres et des musées pour devenir un parc jouant sa partition entre calme et volupté le long de la rivière. Toutes les villes thermales font appel aux plus grands architectes. Bad Hombourg engage pour son « Kurpark » le célèbre paysagiste de Postdam et Berlin, Peter Joseph Lenné, tandis qu’au Grand-Duché de Luxembourg, on invite le Français Edouard André non seulement à reformuler une grande partie de l’urbanisme de la capitale, mais à apporter son expérience paysagère pour le Parc de Mondorf les Bains.  Ces concepteurs qui laissent leur signature sur la lecture de l’espace savent bien que le jardin est un lieu de la représentation de soi, mais avant tout un des lieux les plus propices à la représentation collective et au spectacle public.