Le propre des villes thermales historiques c’est qu’une grande partie de leur patrimoine n’est plus visible. Comment imaginer l’arrivée d’Alexandre Dumas chez la princesse Mathilde à Enghien, celle de Napoléon III à Vichy ou celle de Verdi à Montecatini autrement que dans les récits, sur les gravures ou sur les photographies inaugurées par Nadar et ses contemporains en Europe? Comment imaginer le parcours des sources sinon comme un trajet magique conduit par quelque déesse des eaux ? Donner à comprendre, c’est d’abord donner à imaginer et c’est pourquoi le thème qui a été choisi pour le premier Café de l’Europe qui s’est déroulé au Centre des Arts d’Enghien a souhaité réfléchir aux moyens actuels propres à faire deviner le patrimoine invisible des villes thermales grâce au numérique. « Il vient à l’homme qui chevauche longtemps au travers de terrains sauvages, le désir d’une ville. » écrit Italo Calvino. On pourrait ajouter aujourd’hui : il lui vient aussi le désir de voir une ville invisible. Comme l’écrit Norbert Hillaire : « Les villes thermales furent des « haut-lieux » de l’Europe, et si elles sont devenues aujourd’hui, parfois, des « villes invisibles », elles ne sont pas encore des « non-lieux ». C’est peut-être que l’on ne sait plus très bien aujourd’hui, ce qu’est un lieu, ce que c’est que d’avoir lieu. Et d’ajouter : « On n’arrête pas l’eau, on la canalise, on la conduit, on la traite en réseau. On en fait un allié, car l’eau est en nous (notre corps), et sur la terre. Elle est dedans/dehors.
VILLES INVISIBLES
De Villes
et d'Eau
"Les villes invisibles" d'après Italo Calvino, Photographies Francesco Acerbis, Montage Geraldine Lafont